L’influence des réseaux sociaux peut-elle faire basculer une élection ?

Emission: Tech - Stéphane Zibi

Dans 2 semaines aura lieu le 1er tour de l’élection présidentielle. Toutes les enquêtes d’opinion donnent favori au moins deux candidats, mais tous veulent croire que rien n’est encore joué.

Un peu d’histoire… En 2004 les blogs font leur apparition pendant les Municipales. Puis en 2007, les sites participatifs et le numérique entrent pleinement dans l’espace politique. Depuis la campagne de 2012, les réseaux sociaux sont omniprésents dans la stratégie politique des candidats, ils changent leur manière de communiquer et utilisent ces applications pour toucher les électeurs dans leur quotidien, dans leur intimité et dans l’espoir de manipuler l’opinion en leur faveur.

Jean-Luc Mélenchon sur Twitch, Marine Le Pen sur Tik Tok, Éric Zemmour sur You Tube, Emmanuel Macron dans une web-série intitulée "Le Candidat" dont les codes se rapprochent de ceux de Netflix… : les politiques ont largement investi Internet et les réseaux sociaux dans leur diversité pour toucher le maximum de personnes.

Les réseaux sociaux favorisent l’expression des extrêmes compte tenu de la viralité de leurs contenus sur les plateformes. Ces partis utilisent beaucoup ce qu’on appelle l’"astroturfing", une technique de manipulation de l’opinion consistant à donner l’impression qu’il y a une prise de position collective sur un sujet.

Les réseaux sociaux sont également des outils de désintermédiation qui permettent à de nombreuses personnes de s’exprimer là où elles n’arrivaient pas à le faire jusqu’à présent avec des médias traditionnels. C’est le cas des extrêmes mais aussi des associations et des ONG.

Pour autant, trouver un relais dans les médias traditionnels ou faire du porte à porte ne sont pas abandonnés, l'objectif étant aussi d’influer sur l’agenda médiatique.

En fait, ce qui est influencé est plus invisible et difficile à maîtriser, on l’appelle la data électorale. L’exploitation de la data à des fins électorales était une pratique assumée il y a quelques années. Aujourd’hui, les politiques en parlent avec davantage de précautions, notamment après le scandale de Cambridge Analytica en 2016 où les données de millions d’utilisateurs du réseau social Facebook ont été utilisées sans leur consentement pour servir des objectifs politiques favorisant dit-on l'élection de Donald Trump.

Ce qui change, en 2022, c’est qu’il existe des outils permettant de récupérer les données de manière massive. Tout s’est encore plus professionnalisé avec des outils plus performants et une prise de conscience des politiques de l’enjeu stratégique que ces données représentent". L’outil NationBuilder fait notamment partie des logiciels utilisés par les politiques en France, l'outil propose un ciblage électoral efficace grâce notamment à la géolocalisation et à l'utilisation des données de l'INSEE sur l'historique des votes.

Des électeurs des extrêmes, des électeurs indécis, des électeurs perdus, des électeurs jeunes qui se sentent peu concernés… tous sont sur le net et se retrouvent être le cœur de cible. Les réseaux sociaux ont un pouvoir indéniable et immense qui a supplanté avec force l’influence passée des sondages en tout genre.

A la semaine prochaine !

PARTAGEZ