Emission: Parlons Cinéma
ESSENTIEL, le rendez-vous culture. Parlons Cinéma, émission préparée par Lou Cohen et présentée par Serge Toubiana qui reçoivent Florence Tissot, commissaire de l'exposition « Viva Varda » à la cinémathèque française et Dominique Missika, autrice du livre « L'affaire Bernard Natan » Eds Denoël.
Exposition du 11 octobre 2023 au 28 janvier 2024 à la Cinémathèque française.
VARDA, UNE FEMME CINÉASTE Agnès Varda est souvent présentée comme une femme libre qui n'a jamais cessé de se réinventer, guidée par un désir toujours inassouvi d'expérimentations.
Une femme cinéaste que le goût pour les autres et l'appétit des rencontres aurait conduit à traverser, à sa guise, les catégories : courts et longs métrages, fiction et documentaire, argentique et numérique.
Comme si sa détermination avait garanti le fait qu'aucun carcan – esthétique, politique, économique – ne contienne sa folle liberté. Il est vrai de dire que Varda était libérée. Dans sa jeunesse et alors que les femmes vivent encore sous l'emprise du Code Napoléon, elle fait des choix de vie conjugaux, sentimentaux et familiaux très modernes : vivant une dizaine d'années en concubinage quand le mariage est une norme à laquelle il est difficile d'échapper, un temps en couple avec une femme (Valentine Schlegel), ou encore choisissant d'élever sa fille sans le père biologique.
Dans sa vie professionnelle, Varda a été tout aussi audacieuse. Mais la célébration d'une artiste ayant navigué avec aisance entre les formats et supports – le cinéma, mais aussi la photographie et l'art contemporain – peut avoir tendance à effacer les renoncements que ses partis pris lui ont coûtés.
À la tête de la firme Pathé-Natan, Bernard Natan règne sur le cinéma français des années 1930. Victime d’une campagne de presse, il est lynché, lâché, emprisonné et déporté en 1942.
Qui était Bernard Natan ? Un capitaine d’industrie, un visionnaire, un fou de cinéma. En 1929, il succède à Charles Pathé à la tête de la firme qu’il fait prospérer. Moderniser, produire, distribuer, rien ne lui résiste. Bernard Natan est de toutes les révolutions du septième art : le parlant, la couleur, les premiers dessins animés de Walt Disney…
Mais dans la France des années 1930, l’extrême droite se déchaîne contre ce Juif roumain né Nahum Tanenzaph. Sous l’Occupation, l’ancien combattant de la Grande Guerre est la cible de la presse collaborationniste. Emprisonné pour une affaire financière, il est déchu de sa nationalité par Vichy à la suite d’un procès fantoche, déporté et assassiné à Auschwitz.
Bernard Natan, un des pionniers du septième art, a été effacé. En puisant dans des archives inédites, Dominique Missika combat la « légende noire » qui entache la mémoire de ce grand producteur. Elle en tire un récit poignant qui remet son nom à sa juste place au générique de l’histoire.
UN GÉANT OUBLIÉ DU CINÉMA FRANÇAIS ENFIN RÉHABILITÉ.