Accueil / Chroniques / Tech - Stéphane Zibi
Emission: Tech - Stéphane Zibi
Le 21 mars 2006, Twitter est créée. Depuis cette date, il y a tous les jours des histoires et polémiques issues des discussions.
Une des dernières, va sûrement être déterminante. Avec une offre à 54,20 dollars par action, Elon Musk, le fondateur de Paypal et le président de Tesla ou SpaceX a proposé de racheter 100% des actions de Twitter…
Cette offre publique d’achat (OPA) est tout sauf une surprise, car Elon Musk a acquis dernièrement 9% du capital total devenant le principal actionnaire. Mais après quelques jours où il devait faire son entrée au conseil d’administration, Twitter et son président ont annoncé qu’il n’en serait rien.
Elon Musk ne pouvait en rester là et a lancé cette manœuvre capitalistique hostile qui va bien au-delà de la finance car elle nous interroge sur les arrières pensées de l‘excentrique homme d’affaires et de fait, cette opération revêt aussi une importante dimension politique.
Twitter « ne prospérera pas ni ne remplira sa mission sociétale [de liberté d’expression] dans sa forme actuelle », a expliqué M. Musk dans une lettre adressée au conseil d’administration. Avant de lancer, avec son aplomb habituel : « Twitter a un énorme potentiel. Je vais le réaliser. »
Le prix proposé par Elon Musk dans son OPA valorise à 46 milliards de dollars l’entreprise soit plus de 21 % par rapport au cours d’ouverture le jour de cette annonce.
Avec cette offre que l’on qualifierait de généreuse, on peut penser que Twitter est d’ores et déjà « pris en otage » car privatiser le réseau social à 100% serait un véritable coup de tonnerre pour l’entreprise.
Et à moins d’une incroyable surprise, il semblerait qu’Elon Musk remportera la bataille dans tous les cas. L’homme d’affaires ne sera peut-être jamais le propriétaire de Twitter à 100%, mais la gouvernance, la stratégie de l’entreprise seront obligatoirement changées.
En effet, Elon Musk ne s’attend sans doute pas à recevoir d’accord de Twitter, qui dit officiellement réfléchir pour prendre la meilleure décision pour ses actionnaires.
Déjà certains très gros actionnaires, comme le royaume d’Arabie Saoudite, ont déjà dit non publiquement.
Mais c'est là que les choses prennent une tournure plus complexe voire politique.
Elon Musk était l’invité de la célèbre TED Talk le 14 avril dernier. Il a confirmé ce qui semble évident : son « offre finale » n’en est pas une, il y a un plan B. Un « non » ne l’arrêtera pas, Elon Musk veut absolument racheter Twitter.
Même en bloquant ou tentant de bloquer Elon Musk, Twitter ne pourra pas l’empêcher d’acheter beaucoup d’actions, de créer des alliances et de prendre le contrôle de l’entreprise sans demander l’avis de qui que ce soit. La société américaine cherche à ralentir via le mécanisme qu’on appelle de la pilule empoisonnée qui est un dispositif d’urgence empêchant un grand actionnaire d’acheter des actions, en limitant l’accès au marché public. Avec ce dispositif, l’action perdrait de sa valeur de façon importante, cela agirait contre les actionnaires et pourrait donc se retourner contre Twitter et pour Musk. La seule possibilité pourrait contraindre Twitter à se tourner vers un acteur plus puissant qu’Elon Musk et de se vendre à Google, Microsoft, Oracle, Amazon, Facebook ou Apple.
Elon Musk est capable de tout et c’est aussi cela qui inquiète. La situation évolue à coup de tweets de sa part plusieurs fois par jour et à toute heure. Avec une autre personne, Twitter aurait sûrement réagi autrement. Elon Musk est un soutien de Donald Trump, qui a été exclu de la plateforme, il est le patron de multiples sociétés, il envoie des satellites pour connecter à internet le monde entier via Starlink. Si Twitter est donc sa prochaine cible pour diffuser de l’information, il ne manquerait qu’une société de fabrication de robots et d’armes type Safran pour qu’Elon Musk ait tout l’attirail du parfait maître du monde.
A la semaine prochaine !