Emission: Postface - Caroline Gutmann
POST FACE - Émission Littéraire présentée par Caroline Gutmann qui reçoit Etienne de Montety Rédac-Chef du Figaro littéraire « Les mémoires retrouvées de Raïssa, la mère de Joseph Kessel » aux éditions Arthaud et les coups de cœur de Barbara Lambert « Mon amie de plume » de Yiyun Li chez Belfond et « Géographie de l’oubli » de Raphaël Sigal chez Robert Laffont.
Ce récit de Raïssa Kessel est pour ainsi dire légendaire. Les amis de "Jef" racontent qu'il conserva toute sa vie les carnets manuscrits de sa mère et qu'il songea même à s'en servir pour écrire sa Promesse de l'aube. À la mort de Kessel, restait un paquet de feuilles, tapées à la machine, qui commencent par ces mots : "Mon fils me demande d'écrire mes souvenirs. Je le fais par amour pour lui."
Longtemps considéré comme disparu, ce texte était devenu un mythe dont on savait seulement qu'il relatait la saga de la famille Kessel. Exhumés aujourd'hui, les souvenirs de Raïssa racontent l'histoire poignante d'une famille juive dans la Russie de la fin du XIX? siècle, confrontée aux pogroms et aux mesures discriminatoires.
Partie d'Orenbourg pour étudier la pharmacie à Montpellier, Raïssa rencontre Samuel Kessel, un étudiant en médecine. Elle l'épouse et le couple s'installe dans une colonie juive d'Argentine, revient en Russie puis choisit la France. Raïssa ne cache ni ses difficultés ni ses combats, face à l'adversité, aux discriminations et aux problèmes de santé.
Sa mémoire est précise ; elle ne se dérobe pas et reste en toutes circonstances, une femme admirable : debout. Étienne de Montety, écrivain et journaliste, directeur du Figaro littéraire a retrouvé ce manuscrit et en a rédigé la préface.
Salman Rushdie dit de Yiyun Li qu'elle est " l'une des plus grandes autrices de notre temps ". Elle le prouve avec son nouveau roman sur l'amitié féminine, entre admiration mutuelle et rancœur, n'est pas sans rappeler L'Amie prodigieuse, d'Elena Ferrante.
Fabienne est morte. Cette nouvelle, Agnès l'apprend en Amérique, bien loin de la campagne française où toutes deux ont grandi et sont devenues inséparables, bien loin de ce lieu qu'Agnès a fui, avec l'aide de Fabienne.
Fabienne est morte et Agnès est enfin libre de raconter son histoire. Agnès et Fabienne étaient les meilleures amies du monde, deux fillettes qui s'étaient créé une bulle pleine d'imagination, d'histoires, de rêves, pour mieux échapper à la rudesse de la vie dans la France d'après guerre. Deux fillettes qui voulaient vivre autrement, mieux ; deux fillettes qui avaient un plan.
Et puis Fabienne a trahi Agnès. Le plan s'est écroulé, leurs trajectoires se sont séparées, la tragédie a frappé...
Lauréat du prix PEN Faulkner Award dans la catégorie fiction.
Comment écrire ce qui a été passé sous silence, comment raconter une mémoire qui se délite ?
" Elle est là, assise dans le livre comme dans son canapé, pleine d'amour et d'oubli. Elle ne voit pas de quoi ça parle. Je me mets à reconstituer son enfance à partir des quelques lambeaux de son histoire dont j'ai hérité. Je me donne pour règle d'écrire strictement à partir de ce qui, de son histoire, a été déposé en moi. Je m'interdis toute forme de recherche ou d'enquête. Pas de questions non plus à mon père sur sa mère. C'est une manière, me dis-je, de respecter son silence. Ce qu'elle ne m'a jamais dit ne sera pas dit dans le livre.
Comme elle oublie, le livre doit oublier aussi. "
Enfant, la grand-mère de Raphaël Sigal a traversé la Shoah. À la fin de sa vie, alors qu'elle souffre de la maladie d'Alzheimer, son petit-fils entreprend d'écrire son histoire.
Mais comment raconter une vie à partir d'indices épars ? Que faire des oublis et des silences qui se transmettent d'une génération à l'autre ?